Rien de terne (dull en VO) ni de masculin dans ce premier EP de DullBoy, groupe anglophile et au quart anglophone, fleuron tout frais de l'indie trip-pop niçoise.
Mais d'ordures (trash) et de filles (bird) il est question : sa chanteuse Elisabeth s'en prend joyeusement sans le nommer un à certain président orangé dans l'incisif, entêtant et tranchant « Smoke my fag ». Voix mutine, faussement enjouée, mais au caractère bien trempé, aux inflexions Lush-iennes. « Hey mate, no pussy grabbing ! » A bon entendeur…
« Dragonfly blues » ou le désarroi d'une libellule dépressive et languissante sur fond de nappes de guitares et de sonorité cristallines froides mais hypnotiques.
Avec « Tepid » on boit la tasse façon trip-hop du 21ème siècle : la pluie est « tiède » mais acide, l'Apocalypse gronde, et nous y sommes tous pour quelque chose.
« April Fool » ou le condensé de l'humeur des quatre jeunes femmes qui forment DullBoy : sourire en serrant les dents, briller pour toujours, même quand il fait très noir, la « tête haute ». Le crétin d'avril n'est pas celle que l'on croit.
Un seul regret : le très beau et synth-pop « Sane/insane » qui ouvre les concerts n'apparaît pas sur Trashbird. Raison de plus pour courir voir DullBoy en live. La froideur cinglante du EP s'y fait plus organique mais tout aussi percutante.
A suivre, assurément !
Cath C.


Les Coups de Coeur de l'Excès


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