Si vous ne connaissez pas encore ces noires silhouettes féminines, vous serez immédiatement saisi par un sentiment d'attirance-répulsion que crée instantanément l'apparition de ces sculptures textiles. En suspension. isolées ou en groupe, la mise en scène de l'artiste vous prend aux tripes. Comme des trous noirs, les vêtures nous absorbent, ces présences vides et silencieuses chuchotent, murmurent ou bruissent de secrets ancestraux des veuves, des madones ou des spectres que les postures rendent réelles. On est fasciné de la disparition de la chair autant que du mouvement de la vie qui anime le vêtement. Décrochage des sens, repères troublés, faux semblant et jeu d'ombre et lumière vous projettent dans un questionnement métaphysique de l'entre-deux abyssal, une poésie poignante où les émotions, les désirs enfouis et la raison vascillent. Les plans se mêlent et s'interpellent, manque, absence, vide, pourtant corps bien contenus dans l'enveloppe de ces peaux de tissus. Un trouble ténu et intime. Niçoise, Amandine Rousguisto exposera toute la saison à la célèbre Galerie Chave de Mars à Septembre. Ne ratez pas cette étrange rencontre.